120 ans du Journal de Cossonay
Une Formule 1 dans les rues du village
Allô, les Urgences psychiatriques? Mon mari m’inquiète! Il dit qu’il veut sortir voir de plus près la Formule 1 devant l’auberge du village. Je crois qu’il est fou!
– Ne paniquez pas, nous arrivons pour l’intercepter.
Où habitez-vous, madame?
– À Gollion.
– À Gollion? Mais alors, tout s’explique!
En ce dimanche 8 mai 1983, tout va bien au village. Les pissenlits poussent dans les prés, les poules gloussent et les vaches ruminent. Comme d’hab’ quoi! Sauf qu’il y un truc de spécial dans l’atmosphère avec tous ces villageois regroupés et impatients sur la Place de la Dîme. Et puis soudain, le voilà qui arrive au bout de la route, le camion Renault Sport. Il s’arrête devant les curieux, la ridelle de la remorque s’abaisse et là, elle apparaît, la Renault Turbo RE 30 C d’Alain Prost, l’actuel leader du Championnat du monde de F1.
Un homme en combinaison bleue s’installe au volant du monstre de 600 CV. Il s’agit de Jean Sage, le directeur de l’équipe Renault Sport. Soudain, le moteur de la monoplace se met à rugir. Les oreilles des badauds explosent tant le vacarme est infernal. Et voilà que le bolide s’élance dans les rues du village poursuivi par la vieille Bugatti de course du collectionneur Hans Matti et un kart piloté par «Doudou», un jeune du village au coup de volant prometteur. Mais déjà, la Renault crée un écart considérable avec ses rivaux. Suite à son tour de piste surréaliste, Jean Sage s’extrait de la monoplace en déclarant que tout s’était très bien passé et qu’il a juste glissé un peu sur les bouses de vaches. Gollion n’en revient pas! Mais comment ce petit miracle a-t-il pu être possible?
Grâce à Willy Richard
Il fut un temps où le monde de la F1 n’était pas celui d’aujourd’hui. Un temps où approcher les pilotes sur les circuits ou croiser un patron d’écurie était possible pour les passionnés. Cette époque, Willy Richard, l’artiste peintre de Gollion, l’a bien connue. Pendant des années, il a sillonné l’Europe pour photographier les grand-prix et les voitures qui le fascinent. Grâce à son réseau de contacts dans le milieu de la F1, il a convaincu Renault Sport, de passage à Lausanne, de faire un crochet par Gollion avant le Grand- Prix de France. Puis, avec l’aide de quelques copains pompiers pour assurer un minimum de sécurité et son épouse Claire-Lise comme gendarmette du trafic routier «ordinaire», l’incroyable bricolage de Willy a donné naissance au premier Grand-Prix de Gollion!
Ce Grand-Prix de 1983 fut suivi de trois autres éditions en 1985, 1987 et1990 chacune d’une ampleur plus importante que la précédente. Mais la totalité des pages de ce magazine ne suffiraient pas à raconter les journées de folie que la village a vécu en ces années-là…
Romain Mange