La question de la sécurité est sérieusement reposée
Une spectaculaire attaque d’un fourgon de la Poste s’est produite hier, vers 19h40, à la sortie de Daillens en direction d’Eclépens. Le fourgon a été contraint de s’arrêter en plein chemin suite au blocage de la route par deux véhicules. Les braqueurs, armés, ont obligé les chauffeurs du véhicule blindé à sortir. Ils ont ensuite forcé les portes du fourgon à l’aide explosifs. Ils en ont transféré les caisses contenant de l’argent, d’un montant indéterminé, jusqu’à leurs propres véhicules. Une fois le fourgon vide, les bandits ont mis le feu à celui-ci ainsi qu’aux voitures barrant la route. Ils ont finalement pris la fuite dans une direction inconnue à bords de véhicules noirs. Aucune interpellation n’a eu lieu, et à l’heure où nous écrivons ces lignes, la police n’a toujours pas retrouvé leurs traces. Le nombre exact de personnes impliquées dans cette attaque n’est pas connu. Il s’agirait d’au moins trois individus. Aucun blessé n’est à déplorer heureusement. Les convoyeurs ont bénéficié d’une prise en charge psychologique peu après l’incident.
Près des habitations
La scène s’est passée à quelques dizaines de mètres seulement d’habitations, sur une route menant au centre logistique de la Poste. Plusieurs habitants ont filmé l’attaque. La vidéo témoigne de la démarche méthodique des malfaiteurs: pas une seconde n’est perdue, en quelques minutes à peine les auteurs ont volé la cargaison et repartent, laissant derrière eux les véhicules en feu.
Cet incident n’est pas sans rappeler l’attaque qui avait eu lieu à La Sarraz le 23 août dernier. Un fourgon avait été pris d’assaut par une dizaine d’individus. Plusieurs caisses contenant francs suisses et euros avait été emportées. Mais malgré la ressemblance, la police cantonale n’a dit ne pouvoir faire «aucun lien entre les deux incidents pour l’instant.»
Après le premier braquage à la Sarraz, plusieurs politiciens, dont le conseiller national Olivier Feller, avaient réclamé une révision des mesures de sécurité pour ce type de convoi. Actuellement, seuls les camions de moins de 3,5 tonnes sont autorisés à circuler entre 22h et 5h du matin. Cela exclu les fourgons dont le blindage recouvre tout le véhicule, ceux-ci pesant 20 tonnes. Cette nouvelle attaque vient donc remettre sur table les questions de sécurité dans le canton.
Danger pour la population
Jean-Yves Thévoz, syndic de Daillens, soutient cette révision. «Je pense qu’il faut écouter ceux sur le terrain avant tout. La politique se doit d’être en lien direct avec les gens concernés par ces incidents. » Le danger pour les habitants d’une telle attaque en milieu de soirée serait bien réel pour lui. «Sur une route relativement fréquentée comme celle-ci, ma crainte est que des personnes s’approchent du convoi pour aider en pensant à un accident», déclare le syndic. Il a annoncé que la Commune, en relation avec la gendarmerie, publiera sous peu un communiqué relatif à cet évènement et aux décisions à prendre en matière de sécurité.
D’autres moyens envisagés
Pour Jean-Christophe Sauterel, directeur de la prévention et de la communication à la Police cantonale, la situation exige un remaniement plus général des mesures mise en oeuvre. Selon lui, les pays voisins donneraient un bon exemple à suivre: «Il faut regarder la problématique d’un point de vue plus large, ce n’est pas juste une question de blindage, affirme-t-il. Nous souhaitons mettre en place des règles plus spécifiques qui permettraient un gain de sécurité dans ces convois. L’autorisation de circulation nocturne ne concernera que les véhicules blindés par exemple.» précise Jean- Christophe Sauterel. Ce n’est pas la seule mesure qu’il envisage: «Il y a d’autres moyens tout aussi importants pour renforcer la sécurité. Par exemple, limiter les montants dans les fourgons afin de rendre moins attractif les transports de fonds de notre pays. Nous projetons aussi de mettre en place des contenants pouvant provoquer l’autodestruction du bien à l’intérieur. C’est une méthode de dissuasion très pertinente. » conclut-il.
Appel à témoins
La Police cantonale a affirmé avoir plusieurs dizaines de policiers mobilisés sur l’incident et son l’enquête. Un appel à témoins à été lancé afin de récolter le plus d’informations sur les auteurs de ce crime.
Guillaume Peter