Les 15, 16, 17 août prochains, le mythique festival de Woodstock renaîtra à La Chaux, cinquante ans jour pour jour après l’édition originale de 1969. Jacques Saugy initiateur de l’événement réussit l’alchimie de mêler projet artistique exigeant, concept pédagogique original et aventure humaine. Il n’en est pas à son coup d’essai. Explications.
Jacques Saugy, vous êtes l’instigateur de ce troisième projet (après «The Wall» et «Tommy»). C’est quoi la méthode Saugy?
En 2002, je faisais passer des auditions en groupe à mes élèves. C’était bien, sympa, mais j’avais envie d’en faire plus, quelque chose de plus abouti, de plus ambitieux qu’une audition, d’autant plus que j’avais une bonne équipe d’élèves. L’idée de «The Wall» de Pink Floyd est arrivée car il y a un début et une fin et pas mal de guitares! J’en ai parlé à quelques copains. Du coup, la commune de Yens m’a proposé de mettre à disposition sa grande salle pour ce spectacle. Un dimanche soir de janvier, je convoque mes élèves, je leur explique mon projet; c’était parti. On prenait un sacré risque, mais on s’est lancé. Plus tard, à la soirée de la Fanfare de Yens, j’ai parlé au directeur et je lui ai dit «Viens jouer du Pink Floyd». Il n’était pas rassuré, mais partant. Ensuite, on a ajouté un choeur d’enfants, un choeur mixte et au final plein de gens de toute la région ont rejoint «The Wall». C’était archi complet à Yens, on a joué ensuite au Théâtre de Gland et au Théâtre de Beausobre à Morges. Un succès fou! Puis «Tommy» de The Who a été créé…
Mais pourquoi Woodstock?
J’avais quelques autres idées, comme les «Blues Brothers», Meat Loaf, mais Woodstock s’est assez vite imposé, il y a plein de guitares. Et puis c’était une époque formidable!
En août 1969 lors de Woodstock, vous étiez où?
J’avais 13 ans! Donc, pas de Woodstock pour moi. Mais je gratouillais déjà pas mal! Je suis parti aux States le lendemain de mes 20 ans, j’y ai retrouvé un pote, j’y ai bourlingué et je suis rentré deux ans plus tard.
Lors de la création de Woodstock au PopRock Festival à Gilly en 2016, les plus jeunes avaient 12 ans et le plus âgé 72 ans! Quel est le secret du mélange de générations autour d’un tel projet.
Les répétitions sont cool! C’est dingue mais les générations se mélangent lors des répétitions qui se déroulent toujours chez moi, à Lussy, les dimanches après-midi. J’avoue que c’est assez incroyable. Dans l’équipe, il n’y a pas de hiérarchie. Ces spectacles sont aussi des aventures humaines, à la fin des concerts tout le monde se tombe dans les bras. C’est comme ça, et ça me plaît!
Si vous deviez mentionner un moment, un morceau de Woodstock, ce serait lequel ?
Impossible de n’en choisir qu’un seul! Joe Cocker, Jimi Hendrix sont énormes, tout comme Santana et son «Soul Sacrifice». Janis Joplin, Joan Baez c’était pas mal aussi! Et puis, il y a le film qui retrace le festival qui est sorti en mars 1970. À l’époque, j’avais couru le voir, j’y suis même allé deux fois!
Pourquoi faut-il absolument venir à La Chaux les 15, 16 et 17 août?
Le site du Paddock à La Chaux est génial pour cet événement. On sera au milieu des champs! Quelques arbres, une rivière, une grande scène, des bars, des points de restauration… Et la musique sera bonne. On a déjà joué ce spectacle trois fois (Gilly PopRock, Apples et Paillotte Festival). Mais rassurez-vous, il y aura des nouveaux morceaux! Et comme ça tombe 50 ans jour pour jour avec l’original, c’est un sacré clin d’oeil! Et puis… je rêve secrètement de quelques bouchons pour rejoindre le site, comme à l’époque…
En 1969, le gourou Satchidananda devient célèbre pour avoir fait l’ouverture officielle du festival de Woodstock en demandant à la foule de psalmodier le «Om». Devant lui un demi-million de personnes!