L’Afrique, berceau de l’humanité, a plein de choses à nous apprendre… Vaïata Sourou part à la rencontre de la communauté africaine de la région pour aborder des sujets du quotidien afin de nous raconter l’Afrique à travers sa diaspora, riche et authentique…
De l’art de porter les bébés
Il reste un peu de neige aujourd’hui, et alors que l’on oppose souvent la neige et les Africains, je trouve magnifique à quel point leur peau reflète la luminosité de celle-ci. Je rencontre Christelle Archer et Félicia Koassi, deux Ivoiriennes vivant dans le Nord-Vaudois avec leurs enfants métisses de 6 et 9 mois. J’ai l’habitude de porter mon propre enfant «à l’africaine», mais je les questionne sur cette façon de porter les bébés dans le dos.
Je leur demande d’abord de me donner un proverbe en baoulé, la langue qu’elles parlent toutes deux. Elles réfléchissent longuement avant de m’en donner un (voir ci-dessous, En 3 mots), en m’expliquant: «Nous sommes de la nouvelle génération, on ne sait plus ce que nos grands-mères disaient».
Malgré le fait que leur exode leur fait inexorablement perdre un peu du savoir culturel, le fait de porter leur enfant traditionnellement est une évidence. «Cela nous permet de faciliter les tâches quotidiennes », répondent-elles presque en choeur, tant cette habitude les aide régulièrement.
Grâce aux pagnes africains aux mille couleurs noués au-dessus de la poitrine et au milieu du ventre, nous pouvons discuter en paix et les bébés sont calmes pendant ce temps. «Les pédiatres nous disent souvent que les bébés africains sont un peu en avance et plus toniques, ajoute Christelle. C’est en partie dû au fait qu’ils soient portés »
En effet, cela facilite la digestion et stimule le bébé dans son apprentissage de la motricité. «Parfois les gens s’étonnent de voir un bébé au dos, mais il peut bouger plus que dans un porte-bébé habituel» explique à son tour Félicia.
Pendant ce temps en Côte d’Ivoire…
En Afrique de l’Ouest et par exemple en Côte d’Ivoire, les femmes reprennent rapidement le travail après avoir accouché et le fait d’avoir un enfant ne constitue pas un encombre dans la vie quotidienne. Il est dans le dos de la mère dès quelques semaines et peut souvent y remonter jusqu’à l’âge de 5 ans. Ainsi, la mère peut travailler et s’occuper du foyer sans que cela ne soit trop compliqué. «Le contact visuel et corporel intensif avec la mère crée un sentiment de sécurité et un lien, dont l’effet psychologique est d’une valeur inestimable», révèle une étude réalisée en Allemagne.
«Comment vas-tu mon second?», déclare Christelle à l’enfant de Félicia. La famille africaine donne l’air d’être plus élargie que celle d’Europe. Nous parlerons des aïeux et de leur rôle dans la famille dans la prochaine chronique africaine… «Moni bayèlé!», dit Félicia à Christelle en partant. Ma curiosité me pousse à lui courir après, avant qu’elle ne soit trop loin pour lui demander ce que cela signifie. «Prends soin du bébé!», me répond-elle en souriant.
Vaïata Sourou Bron
EN 3 MOTS
EN BAOULÉ
«Ba tinilié ko ti kan ko ti kpain nkbain oti sran nba liè»
«Le bébé est seulement à sa mère quand il est tout petit et à tout le monde lorsqu’il grandit»
SANS DÉTERMINANT
«Manger poisson, porter chaussures, conduire moto…»
Ce n’est pas vraiment une faute de français puisque c’est véritablement leur façon de parler que d’enlever certains articles. Ainsi, si l’on s’y habitue et que l’on vit avec ceux de là-bas (ou d’ici), cela pourrait arriver qu’on oublie des articles en revenant d’une aventure africaine…
PAGNE, NOM MASCULIN
Ainsi, on «porte pagne» pour le mettre autour de ses hanches ou encore pour porter les bébés. Parfois, on l’utilise pour se coucher sur le sol, comme torchon de cuisine lorsqu’il est usagé. C’est l’habit d’Afrique de l’Ouest par excellence, porté aussi par les hommes selon les contrées. C’est un simple rectangle de tissu qui sert pour de multiples usages quotidiens et qui fait également partie de la tenue traditionnelle appelée «boubou».