À 13 ans, Dorian est un ado bien dans ses baskets. Visage d’ange, physique longiligne, calme et doté d’un caractère très doux. Au premier abord, il faut avouer que l’on est assez loin d’imaginer la passion qui l’anime pour un sport relativement marginal dans notre pays: le catch.
Un match à la télé a suffit pour allumer la flamme dans les yeux du garçon, alors âgé de 5 ans. Après avoir joué longtemps avec des figurines sur le ring en bois que lui a fabriqué son papa, Dorian a intégré le seul réseau professionnel de Suisse romande, la Swiss Power Wrestling Academy (SPW), à Lausanne. «Mes copains et mes profs ont été surpris, mais dans le bon sens», m’explique-t-il alors que je l’ai rejoint dans une salle de gym des Bergières, où il s’entraîne en équipe chaque dimanche après-midi depuis son douzième anniversaire.
Maîtriser l’adversaire
À mon arrivée, l’échauffement est déjà fini et les apprentis catcheurs enchaînent les prises, suivant les précieux conseils de leur coach. Impressionnantes et parfois brutales, elles ne conduisent toutefois que rarement à un accident.
Ici, on apprend à maîtriser l’adversaire, mais aussi à tomber correctement. «Dorian est très motivé, il ne rate jamais un entraînement» affirme Adrian Johnatans, le fondateur de l’école, qui aimerait en finir avec certains clichés, tel la comparaison avec le catch américain.
Ici, les performances sportives sont réelles, alors que la part de spectacle se situe principalement au niveau de l’esthétique (ambiance, tenues, fond musical). «La pratique du catch est très difficile; le physique est important, mais le mental l’est tout autant. J’ai vu des personnes à la carrure imposante et certaines d’être faites pour ce sport, quitter l’entraînement en pleurant et laisser tomber au bout d’un mois», continue Adrian. La scène qui suit suffit à m’en convaincre.
Il a un mental incroyable
Les sportifs ôtent leur T-shirt et se mettent en cercle. Mais ce n’est pas pour jouer au mouchoir…
À tour de rôle, chacun envoie un violent coup de poing dans la poitrine des autres. Encore, et encore.
Malgré la peau rougie jusqu’aux vaisseaux éclatés et parfois au sang, les corps sont imperturbables, les visages impassibles. Chacun est libre de dire stop quand il ne supporte plus la douleur. Pour respecter son corps en croissance et selon les directives de la SPW, Dorian suit un entraînement allégé jusqu’à 16 ans. Mais dans le cas présent, il encaisse les coups comme les autres. «Il est solide et possède un mental incroyable, mais il connaît ses limites», affirme Barbara, sa maman, présente à chaque entraînement depuis le début.
«J’ai des bleus et des courbatures pendant quelques jours, mais on s’y habitue», ajoute Dorian. Quoi qu’il en soit, l’exercice est impressionnant. Et pour terminer, pas question de stretching ou de relaxation… les muscles et le cardio sont sollicités à fond jusqu’à la dernière seconde.
Lors des matches organisés au Taco’s Bar (quartier du Flon), le «QG» de la SPW, Dorian s’implique déjà en œuvrant du côté de la régie.
D’ici quelques années, ce sera à son tour de monter sur le ring. Il n’attend que ça!
Carole David
Photo : Dorian porté par son coach Maxime de Lorais. A droite, Adrian Johnatans, fondateur de la SPW (Swiss Power Wrestling)