“Parti en fumée!”
Il ne s’agit plus là du refuge communal, mais du projet de bâtiment regroupant des locaux pour les pompiers de la région, d’une voirie communale et d’un abri de protection civile.
Soirée incendiaire
Cette séance décisive du Conseil communal, prévue en juillet et repoussée au mardi soir 4 septembre, promettait d’être brûlante (même le public était bien plus nombreux que d’ordinaire): elle fut incendiaire! Et si ce projet sentait le roussi depuis le dépôt du postulat Arnold Aebischer à la séance du 22 mars, il aurait été difficile d’imaginer l’incroyable résultat du vote. Pourtant bien ficelé, le projet de construction a été présenté, lors d’une suspension de séance, par Sylver Francfort du bureau d’architectes Erbat. Bien intégré dans le paysage, sur une parcelle d’utilité publique au lieu-dit «Grand-Champ», fonctionnel, écologique, répondant aux besoins non seulement de la Commune mais de la région pour ce qui concerne les pompiers, il semblait que ce bâtiment avait tout pour plaire.
C’était toutefois sans compter sur des éléments totalement incompréhensibles pour le commun des mortels, dont l’auteur de ces lignes… En effet, après cette partie informative, le président François Reymond a rouvert la séance officielle du législatif. Et le feu a démarré: les rapports des commissions des finances et de l’urbanisme concluant toutes deux au rejet du projet, les questions incendiaires fusèrent ensuite, au cours d’un débat dirigé aussi droit qu’une lance de pompier! Certes, le crédit de 4,8 millions pouvait faire peur. Mais les subsides fédéraux et cantonaux, ainsi que le loyer de 36’000 francs payé annuellement par le SDIS, laissaient envisager un coût annuel l’amortissement à charge de la Commune de 76’600 francs. Des peurs concernant les finances communales, l’augmentation du taux d’impôt (pourtant extrêmement bas!), le dépassement du plafond d’endettement, les nuisances causés par les 3 véhicules d’intervention qui auraient été stationnés et par les exercices de la quarantaine d’hommes du feu volontaires, une autre utilisation de cette parcelle ou encore la mise en doute de l’urgence du projet, ont été les thèmes principaux des opposants.
Projet balayé par 32 non
Malgré des explications du syndic Claude Dutoit et du municipal Pascal Guinnard, défendant la position unanime de la Municipalité qui est persuadée du bien-fondé de ce projet d’intérêt public, les conseillers communaux ont suivi les recommandations des deux commissions et refusé ce préavis.
Courageux mais pas téméraires, c’est au bulletin secret – demandé par 15 conseillers – que les membres du législatif ont voté à une incroyable majorité: 32 non, 2 oui et 2 abstentions. Cette décision met dans l’embarras les autorités de la région et les responsables de défense incendie qui doivent désormais rechercher urgemment d’autres locaux. Aujourd’hui installée à La Sarraz, la caserne des pompiers de la région (La Sarraz, Eclépens, Pompaples et Orny) ne répond plus aux normes actuelles (exigüe, sans vestiaires séparés ni sanitaires) et doit bientôt quitter les lieux, le bail ayant été résilié pour la fin 2019. La Municipalité sarrazine, suite à un désaccord sur le prix du loyer payé par les pompiers, a en effet émis le vœu, en 2015, de récupérer ces locaux pour agrandir son service de voirie.
Sans solution, l’organe d’intervention régional pourrait être dissout d’ici fin 2019, avec le risque de prolonger les délais d’intervention lors de sinistres! Chose qui serait ennuyeuse surtout si l’on sait que le secteur desservi couvre notamment la zone industrielle d’Eclépens, un des principaux lieux d’interventions des pompiers.
Nouveau refuge accepté
L’autre point principal de cette séance fut le crédit extrabudgétaire de 600’000 francs pour financer les travaux du refuge, en attendant le remboursement par l’assurance incendie. En voie de reconstruction après l’incendie du 5 mars, le législatif a finalement accordé ce crédit. Sans aucun doute, on reparlera encore de pompiers lors de son inauguration au printemps prochain!
Texte et photos Pierre-Alain Pingoud
Communiqué du SDIS Région Venoge
“Afin d’assurer le futur des pompiers de La Sarraz, il n’y a pas de plan B”
ans séance du mardi 4 septembre 2018, le Conseil communal d’Eclépens a refusé à une très large majorité le préavis municipal 04/18, par 32 NON, 2 OUI et 2 abstentions. Il portait sur une demande de crédit extrabudgétaire de CHF 4’800’000.- pour la construction de locaux de pompiers, d’une voirie communale et d’un abri de protection civile (PCI) au lieu-dit «Grand-Champ». Deux bâtiments étaient envisagés.
Une profonde déception
Malgré le soutien de la Municipalité au projet, les conseillers communaux ont privilégié les recommandations de leurs deux commissions et ont décidé de refuser ce préavis 04/18. Le Comité directeur, ainsi que l’Etat-Major du SDIS Région Venoge prennent aujourd’hui acte et respectent cette décision des autorités politiques d’Eclépens. Mais le SDIS tient à faire part de sa profonde déception, notamment en ce qui concerne les arguments avancés pour motiver ce refus. Certains chiffres avancés par les membres du Conseil étaient erronés (nombre d’exercices par an, par exemple). Le SDIS regrette aussi que des risques de nuisances de la part des pompiers aient été avancés pour faire pencher la balance. Le message envoyé par les élus n’est pas optimal.
La caserne de La Sarraz ne répond plus aux normes
Cette construction à Eclépens devait permettre d’accueillir les sapeurs-pompiers de l’organe d’intervention de La Sarraz (DPS et DAP), qui est rattaché au Service de Défense Incendie de Secours (SDIS) Région Venoge. Soit près de 40 personnes, trois véhicules et plusieurs remorques. Aujourd’hui située à La Sarraz, la caserne des pompiers de la région (La Sarraz, Eclépens, Pompaples et Orny) est appelée à déménager. La Municipalité sarrazine a émis le souhait fin 2015 de récupérer ces locaux afin d’y installer son service de voirie, à l’étroit dans ses espaces actuels. De plus, la caserne de La Sarraz ne répond plus aux normes exigées pour accueillir des sapeurs-pompiers: manque de place, pas de vestiaires séparés, absence de bureaux et de sanitaires (WC et douches). En conséquence, après une dernière prolongation acceptée par l’exécutif, le bail prendra fin au 31 décembre 2019 et le SDIS devra quitter ces locaux.
Demande émanant de la municipalité d’Eclépens
Début 2016, le SDIS et son Comité directeur ont été approchés par la Municipalité d’Eclépens, qui souhaitait accueillir les pompiers sur son territoire. Le projet de caserne a dès lors été élaboré en
étroite collaboration entre les différents partenaires concernés. Le fruit de ce travail a finalement été balayé par le législatif éclépanais ce mardi 4 septembre 2018.
Pas de plan «B»
Il est important de préciser qu’après ce refus du projet à Eclépens, le SDIS Région Venoge ne dispose pas de plan «B», afin d’assurer le futur des pompiers de La Sarraz. Il appartient désormais aux autorités politiques (CODIR et communes membres du SDIS) de trouver un nouvel emplacement. Ces recherches devront êtres effectuées dans l’urgence. Si aucune solution n’est trouvée d’ici fin 2019, l’organe d’intervention de La Sarraz (DPS et DAP) sera dissout. Une mesure qui serait radicale, mais nécessaire. Dans un tel cas, une partie des pompiers actuellement incorporés à La Sarraz se dirigera vers les sites de Penthalaz et de L’Isle. Toutefois, il est certain que les autres démissionneront et arrêteront d’oeuvrer en faveur de la population au sein du SDIS Région Venoge.
Une sécurité des habitants forcément retardée
D’un point de vue opérationnel, les communes de La Sarraz, Eclépens, Pompaples et Orny continueront à être desservies par le SDIS Région Venoge. Mais les premiers intervenants arriveront de Penthalaz. Il est important de préciser que la sécurité des habitants de ces quatre localités ne sera pas mise à mal, mais fortement retardée. Si le standard de sécurité cantonal continuera à être assuré, (arrivée sur les lieux d’un sinistre 18 à 23 minutes après l’alarme) les premiers pompiers mettront plus de temps pour être sur place. La perte de proximité, de connaissances techniques «locales» et de personnel habitant la région sont aussi des points à ne pas prendre à la légère.
La zone industrielle théâtre de nombreuses interventions
Il faut également prendre en compte la configuration du secteur actuellement desservi par l’organe d’intervention de La Sarraz. Avec par exemple la zone industrielle d’Eclépens, qui est chaque année le théâtre de nombreuses interventions des pompiers. En 2018, le SDIS est par exemple intervenu très rapidement lors d’un important incendie dans une usine de recyclage de déchets spéciaux. De janvier à fin août de cette année, les sapeurs-pompiers sont intervenus à 38 reprises pour des feux, des inondations ou encore des alarmes techniques sur les communes de La Sarraz, Eclépens, Pompaples et Orny.
Rester focalisés sur notre mission
Si le refus de cette nouvelle caserne sème le trouble, l’Etat-Major du SDIS ainsi que le Comité Directeur réitèrent aujourd’hui leur confiance envers les pompiers, femmes et hommes, qui forment l’organe d’intervention de La Sarraz. Ils sont aussi encouragés à poursuivre leur mission, avec la même application, la rigueur habituelle et le professionnalisme qui est le leur. La direction du SDIS Région Venoge assure qu’elle mettra tout en oeuvre ces prochains mois pour éviter une fermeture du site de La Sarraz.
COMMUNIQUÉ DU SDIS REGION VENOGE