Episode 13: Isou poursuit sa route en Finlande, où elle fait une belle rencontre avec Ville, un jeune homme en situation de handicap.

De ma fabuleuse traversée de la Scandinavie, je vous partage l’épisode le plus émouvant. En route pour Helsinki, je m’étais arrêtée au milieu de la forêt, sur les recommandations d’un ami, pour rencontrer Ukko Kärkkäinen, sa femme Inkare et Ville Määttä, un jeune ami de la famille de passage.

Ukko est un Père Noël, aussi bien dans son cœur que dans son physique et Ville est un jeune homme en situation de handicap, plein de fougue et d’intelligence. Nous sommes partis en tournée à bord de Begoodee pour échanger sur la beauté, le sens de la vie, l’espoir, la joie et la nature. Nous nous sommes baignés dans l’un des innombrables lacs de la région et nous avons fait du canoë.

Une fois nos âmes apprivoisées à bord de notre petite embarcation, j’ai demandé à Ville et à Ukko de me partager leur histoire respective pour comprendre d’où venait leur joie et leur rayonnement. Ville m’a confiée qu’à l’âge de 16 ans, il a essayé de se tuer en sautant d’une falaise. «Je me sentais venir d’un lieu merveilleux (avant sa naissance) pour atterrir dans un monde horrible. Je ne voulais pas rester sur Terre», raconte-t-il. Alors en pleine conscience, sans alcool ni drogue, il a sauté dans le vide! «Depuis, j’ai  perdu mes jambes mais j’ai trouvé ma raison de vivre et ma joie», confie-t-il. Ville a voyagé neuf mois à travers l’Europe dans sa chaise roulante avec laquelle il a parcouru plus de 1500 kilomètres et a connu un «éveil» en haut d’une colline à Rome.

Quant à Ukko, son histoire n’est pas moins poignante. Sa mère tente de le noyer à l’âge de 9 mois. Son père, lourdement traumatisé par une blessure de guerre (Seconde Guerre mondiale) souffre de troubles du comportement. Son enfance est un cauchemar. «Aujourd’hui, j’ai transformé mes blessures et mes souffrances grâce au pouvoir guérisseur des mots. J’ai écrit des milliers de poèmes et j’ai accompagné des centaines de patients traumatisés par la guerre», raconte Ukko. Il explique qu’il a récupéré des rouleaux entier de bandages non utilisés datant de la guerre 39-45 dont il a découpé des petits morceaux, comme des mouchoirs. «Mes patients ont séché leurs larmes avec ces reliques de bandages puis ils y ont inscrit leur nom, une fois libérés des fantômes du passé».

À travers ces deux témoignages, nous comprenons qu’il faut «mourir» un peu pour renaître à soi-même et accepter de vivre cette incarnation dans la gratitude, malgré tout.  (à suivre)

Isabelle Alexandrine Bourgeois
contact: isabelle@joyfortheplanet.org

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