28 éditions et 28 participations!

Le Boussinois Daniel Jendly, participera cet été pour la 29e fois, à l’une des plus importantes courses mondiales de VTT, le Grand Raid-BCVs. Cette course se déroulera les 17 et 18 août entre Verbier et Grimentz. Fidèle au poste, Daniel partira d’Hérémence comme les 28 années précédentes, depuis que la course existe.

En 1990, à 25 ans, Daniel Jendly était un jeune professeur de sports. Dans le cadre de son travail, il s’intéressait à toutes les nouveautés sportives, pour les faire découvrir, si besoin, à ses élèves. Et justement, le «Mountain Bike» arrivait en Europe et était en plein essor. Devant cet engouement, une première grande course de vélo en montagne vit le jour en Valais: le Grand Raid-Cristalp. Deux départs au choix étaient proposés, Verbier ou Hérémence, pour rejoindre Grimentz par les sommets. Daniel décida de s’inscrire au départ d’Hérémence, un parcours de 63 km, dont 2996 m de montée (dénivelé positif).

« On était un peu fous »

Un de ses amis lui fournit son premier vélo tout terrain, un magnifique CILO (ancienne marque suisse). Daniel précise: «À l’époque, les guidons n’avaient pas encore de fourche télescopique pour amortir les chocs pendant les descentes. On était un peu fous de rouler sur les rochers pentus, à 40 km/h, des ampoules plein les mains malgré nos gants inadaptés!».

Ce fut le début d’une longue aventure entre Daniel et le Grand Raid valaisan. La seule fois où il ne termina pas l’épreuve fut l’année où les organisateurs décidèrent de neutraliser la course. Le temps était devenu exécrable, il neigeait et le brouillard empêchait les hélicoptères de décoller. C’était en 2005.

Daniel n’a ni bons, ni mauvais souvenirs mais plein d’anecdotes à raconter. Selon lui, chaque course est unique et toujours magnifique; les couleurs, les lumières, les paysages ne sont jamais les mêmes. Il se souvient de la course de 1995 où il pleuvait. Le nombre d’abandons fut impressionnant. Il s’agissait de personnes qui n’avaient pas de coéquipiers pour les ravitailler en habits secs et chauds sur le parcours. «Cette année-là, la montagne se mua en un immense vestiaire de stripteaseurs !», souligne-t-il amusé. Du reste, les organisateurs reconnaissants, offrirent à tous les coureurs qui s’étaient réinscrits l’année suivante, un T-shirt portant l’inscription: «J’ai survécu à la 6e édition!».

Daniel apprécie l’ambiance conviviale du Grand Raid, et le respect que les organisateurs manifestent aux coureurs. La quinzième année, le comité recensa les personnes qui avaient participé à toutes les courses et leur offrit un tour en hélicoptère le jour même, en guise de remerciement: «Au début, puisqu’on avait fait toutes les courses, on était appelés les survivants. Maintenant on est les vétérans. Depuis la 20e édition, les organisateurs nous font monter sur le podium à chaque fin de course et nous remettent un trophée souvenir. C’est sympa! On était 8 vétérans en 2009, plus que 5 en 2017.»

Les spectateurs sont aussi très respectueux. De nombreux encouragements sont lancés tout le long du chemin, parfois au son des cors des Alpes. Sur le parcours, il existe un passage redouté des coureurs: le Pas de Lona. La montagne est escarpée; le terrain est désertique. Impossible de rester sur sa monture, les cyclistes doivent gravir à pied cette interminable montée. Daniel se souvient qu’une année, alors qu’il prenait des forces avant de commencer l’ascension, un spectateur lui proposa de lui masser les mollets. Il avait avec lui un énorme tube de crème contre les douleurs musculaires et soulageait les sportifs qui le désiraient.

Entre sept et dix heures

Selon les éditions, les temps de Daniel pour réaliser l’épreuve oscillent entre sept et dix heures. Mais, si plus jeune il essayait d’améliorer ses performances, aujourd’hui, son défi est de terminer sa course, coûte que coûte. Pour preuve, l’année dernière, il chuta à deux kilomètres de l’arrivée. Vélo cassé, visage en sang, c’est à pied qu’il franchit la ligne, accompagné d’un samaritain; sa blessure exigea néanmoins six points de suture sur le front. Ainsi Daniel fait partie de l’histoire de cette course mythique. Les yeux brillants et fierté dans la voix, il conclut: «Cette course est incroyable, belle et riche. Je trouve que les coureurs sont tous au même niveau. Bien sûr certains sont plus rapides que d’autres, mais au final, nous avons tous souffert et fait les mêmes efforts. Nous nous sentons égaux et unis d’avoir partagé la même aventure…»

Nathalie Martin

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