Episode 3: à Villasimius et à Porto Rafael en Sardaigne avec Sandra Manis et Ottavio Pincioni
«Toute ma vie je me suis battue contre la maladie et le diabète», m’a confié Sandra Manis à bord de mon bus Begoodee en route pour Villasimius, au bord de la mer au sud de la Sardaigne. «À 48 ans, je suis née une deuxième fois grâce à la greffe d’un rein et d’un pancréas d’un homme décédé à 20 ans.»
Pendant que Sandra me décrit les courbes de son existence, mon camping-car prend plusieurs virages serrés surplombant la mer. Avec ce projet, je me suis engagée à rendre service en chemin. Et Sandra rêvait d’une journée à la mer, loin des hôpitaux. «Cette journée avec toi m’aide à accepter de vivre pour deux. A présent, je désire apprendre à d’autres à vivre aussi». Je suis repartie avec une lampe de plus, fabriquée par Sandra, dans laquelle elle a glissé un message d’espoir pour celui qui la recevra.
Après cette rencontre bouleversante, j’ai repris la route pour Porto Rafael, dans le nord. Une amie m’avait parlé d’un «homme aimé de tous». Il n’en fallait pas plus pour éveiller ma curiosité et m’indiquer ma prochaine direction! Ottavio Pincioni m’a invité à sa table. «À 10 ans, je crevais de faim. Je vivais de petits boulots pour me nourrir. Je cuisinais pour les grandes familles de la noblesse italienne qui venaient passer leurs vacances ici. Un jour, un baron m’a embauché comme cuisinier dans une buvette de plage. Six ans plus tard, le baron décède et, admiratif de ce «petit bonhomme si tenace et courageux», lui lègue le restaurant et «le coin de mer qui va avec». Un «coin» qui vaut des millions!
Ottavio n’a que 16 ans… Le pauvre d’hier devient l’homme le plus envié du littoral. En quarante ans, il fera de ce lieu un Yacht Club très prisé. Non pas par snobisme, bien au contraire: parce que le port de Porto Rafael est resté un endroit authentique dans un environnement ultra VIP et convoité. «Je continue à cuisiner pour mes visiteurs, je recueille des chiens perdus et j’ai envoyé sur les roses des centaines d’offres de rachat mirobolantes. Je n’ai jamais vendu mon âme.»
Je lui lui tends alors une lampe solaire: «Ottavio, pour ta bonté et tout le bien que tu as fait autour de toi», je t’offre ce modeste trophée lumineux, fabriqué par Elise, une Suissesse de 10 ans. Emu aux larmes, Ottavio bredouille: «Eh bien ça, c’est un autre grand moment de mon existence!». C’est vous dire l’humilité de ce monsieur. Cerise sur le gâteau, Elise accompagnée de ses parents va rencontrer Ottavio à Pâques! C’est la magie de la lumière… (à suivre)
ISABELLE ALEXANDRINE BOURGEOIS
Journaliste militant pour une information positive, Isou, alias Isabelle Alexandrine Bourgeois de Giez, est partie un an dans le camping-car Begoodee pour récolter de la joie à partager et rencontrer des femmes et des hommes inspirants.
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