Ma religion ? Aider mon prochain grâce à l’Association Maili 

En 2011, Véronique et Thierry Langenberger effectuent un trek au Népal et font la connaissance de guides qu’ils apprennent à découvrir. «Maili, c’est le nom donné à la deuxième fille de la famille. Maili, c’est aussi la sœur de notre guide, décédée pendant les trois jours de marche en brancard qui devaient l’amener chez le médecin alors qu’elle était atteinte d’une simple déshydratation sur dysenterie. Chez nous cette maladie aurait été banale. Chez eux, c’est la mort… qui est banale!»

De retour, le couple Langenberger décide de faire quelque chose pour aider leur guide népalais et construire un dispensaire dans son village de Lapu. Un défi relevé avec succès, puis le mouvement prend de l’ampleur. Une association est créée qui élargit son champ d’action à toute une région en intervenant sur les thèmes de la santé, de l’éducation et du développement durable.

En 2015, des séismes frappent le Népal et l’Association Maili est encore plus sollicitée. «En premier lieu, nous avons organisé une colonne de secours et des mulets ont apporté du riz, du sel et d’autres produits de base en faveur des 3000 habitants du village. On a financé en urgence 300 toilettes et on s’est ensuite mis à l’œuvre pour reconstruire le dispensaire aux normes antisismiques», dit Véronique.

L’activité de l’association Maili s’appuie depuis le début sur de nombreux partenaires tant au Népal qu’en Suisse. «Ici, une quarantaine de personnes vendent bénévolement des écharpes en notre nom. Là-bas, des salariés, sur le terrain, gèrent et suivent les différentes actions entreprises.»

D’autre part, un site internet fort riche renseigne le public sur ce qui a été réalisé grâce à des vidéos, témoignages, textes et photos. Une boutique en ligne permet l’achat de superbes foulards et pashminas.

Tout n’est pas simple cependant, il faut de l’opiniâtreté, négocier, s’adapter à une autre manière de fonctionner. Des moments de doute alternent avec des périodes de motivation intense. Les heures consacrées par Véronique, Thierry et le couple d’amis du comité sont énormes et tout se fait bénévolement à côté de leurs activités professionnelles.

L’association s’est beaucoup développée: elle gère des fonds et des projets de plus en plus importants. «Parfois aussi, je me sens en porte-à- faux, car si nous aidons au Népal, je suis consciente qu’il y aurait aussi quelque chose à faire chez nous», ajoute Véronique, un brin pensive.

Enseignante, puis architecte

Elle se décrit comme une personne gaie, bavarde, à l’écoute et fonceuse. «La maturité aidant, je sais maintenant ce que je veux.»

Elle évoque de magnifiques souvenirs d’enfance et parle de son grand-père, paysan au Pays d’En-Haut, «un personnage pas triste que ma grand-mère n’a pas pu supporter d’ailleurs!»

Ado très sociale, elle est poussée par ses parents dans la voie de l’enseignement, «profession que j’ai exercée avec plaisir durant une quinzaine d’années.» L’achat d’une ferme à rénover constitue un déclic dans un changement important: à la quarantaine, grande remise en question, Véronique commence un apprentissage de dessinatrice architecte. «J’ai beaucoup pleuré, car il est difficile de reprendre des études. Mais j’ai adoré.»

Au terme d’une formation accélérée sur deux ans, elle obtient son CFC. Puis elle travaille dans un bureau d’architectes, monte une entreprise générale avec deux associés, fait du courtage immobilier, devient indépendante et crée Chapimmobilier, de son surnom «chap» issu de son nom de famille Chapalay.

Parallèlement et pendant des années, dans leur demeure, les Langenberger maçonnent, montent des murs, posent du carrelage et, touchent à tout. Véronique met donc en adéquation théorie et pratique!

La vie familiale prend aussi toute son importance. Les trois enfants ont aussi découvert le Népal. «Ils se sont  imprégnés des expériences vécues là-bas et sont conscients de la chance de vivre ici», poursuit celle qui, avec son époux, avoue une très forte passion pour le sport: badminton, planche à voile, kitesurf, tennis et ski.

L’existence de Véronique Langerberger est donc synonyme de mouvement, d’ouverture sur autrui et d’engagement. «Ma religion consiste à essayer d’aider mon prochain. Si je peux faire un peu de bien quelque part, tant mieux. Voilà ce que je retire de cette expérience avec l’association Maili.»

CLAUDE-ALAIN MONNARD


Profil express

Une image du Népal
Les enfants, les gens heureux et souriants
Un projet en vue
Créer un pensionnat pour permettre aux enfants venant de loin de suivre l’école et de rester sur place la semaine
Une envie
Posséder la signature d’architecte
Une profession pas envisagée
La médecine, ce qu’exerce mon mari
Un sujet d’agacement
L’incapacité de se remettre en question
Un slogan
Un franc donné en Suisse, c’est un franc investi au Népal
Une devise
Fais ta vie, avance…
Un site
www.maili.ch

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